Je suis toujours en danger de mort dans cette affaire criminelle d'État. |
[Niveau de compréhension de l'affaire : moyen]
[Utilité dans compréhension globale : moyen]
Contexte
Mariage mais blocage du regroupement familial
À l'occasion d'une mission au Congo en 2002, je rencontre Claudine avec qui je vis, ainsi que ses 2 filles : j'ouvre un petit négoce de matériaux sur place. Nous nous marions en 2004 en France.
Notre but était de vivre en famille sur les 2 pays, donc en étant tous autorisés à voyager entre ces pays. Je dispose d'un visa de 5 ans au Congo, Claudine peut également venir en France mais pas encore ses 2 filles : l'administration française nous demande de lancer une procédure de regroupement familial, qui, en théorie, ne devait durer que quelques mois de séparation.
Malheureusement c'est une époque avec une tournure raciste en France contre les personnes noires : pas seulement venant d'Afrique sub-saharienne mais aussi d'Haïti (voilà pourquoi je parle de racisme dû à la couleur de peau et non pas à la provenance géographique).
Pour mémoire, c'était l'époque à laquelle Sarkozy, ministre, voulait devenir président de la République et entendait siphonner les voix du Front National (en 2002, Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour de la présidentielle). Il avait créé un ministère de l'Immigration et assimilait assez lourdement durant des années que les Noirs étaient des fraudeurs ou des personnes violentes, et en tout état de cause, n'étaient pas les bienvenus en France.
Ce discours avait des répercussions au niveau des administrations qui bloquaient des dossiers ou même qui mentaient effrontément devant les tribunaux. (Aujourd'hui, on peut télécharger librement sur internet des documents pour lancer telle ou telle procédure. Mais à l'époque, il fallait se rendre à un guichet, et si le fonctionnaire derrière le guichet refusait de nous donner le document – on parle bien de document à remplir, on n'en est pas au stade de l'accord –, alors nous devions saisir le tribunal administratif. C'était une procédure très lourde, mais c'était une volonté de la part de l'administration pour freiner, illégalement, les demandes.)
Nous avions laissé les filles à de la famille au Congo à l'âge de 6 et 8 ans. Elles étaient jeunes. La procédure ne devait durer que quelques mois, qui étaient les délais officiels. Si nous avions su que ça prendrait des années, alors nous serions restés vivre au Congo sans revenir en France. Mais j'insiste : ces délais excessifs n'étaient pas légaux de la part de l'administration (par exemple, au niveau européen, le délai maximal de séparation est de deux ans).
Nous avons vu plusieurs avocats, mais il faut comprendre que ceux-ci sont souvent impuissants. En fait c'est assez facile à comprendre : si le simple recours à un avocat suffisait à supprimer les difficultés, il n'y aurait pas de difficultés. Mais parce que les avocats ne sont pas très efficaces en général, en tout cas sur ces points, alors l'administration réussit à gagner du temps, des années de procédure au final.
Montée de la pression et annonce du kidnapping
Il est difficilement concevable de laisser de jeunes enfants hors de la portée de leurs parents. S'il vous plaît, vous qui lisez ces lignes, arrêtez de vous focaliser ou arrêtez de trembler à l'idée d'Africains qui viennent en France : ce n'est pas la fin du monde, ce n'est pas l'apocalypse ou autres théories fumeuses que certains vous prédisent.
Imaginez-vous que vous, Français ou Française, épousez un Américain. Et qu'avant votre mariage vous ayez des enfants, qui vivent avec vous en France. Que vous vous rendiez aux États-Unis pour y vivre, mais que vos enfants n'y soient pas admis, durant de nombreuses années. Plusieurs d'entre vous vont divorcer de l'Américain ou de l'Américaine pour revenir vivre en France. Ce mécanisme était celui voulu par les gens du gouvernement français de l'époque : que les Africains divorcent des Français et retournent vivre en Afrique. C'est clairement du racisme.
Nos filles, restées au Congo, étaient confiées à de la famille éloignée, faute de famille proche. Je ne vais pas rentrer dans les détails (vous pouvez lire mon livre si vous insistez pour en savoir plus) mais le fait est qu'elles vivaient très mal et que leur maman était très inquiète, jusqu'à la quatrième année de séparation.
Le 23 février 2008, je suis prévenu par un oncle chez qui elles habitaient que l'une des deux filles a été kidnappée à la sortie de l'école.
Suite...
Durant un mois, nous serons suivis par un colonel français de gendarmerie, Bernard Tomalak, détaché auprès de l'ambassade de France à Kinshasa, qui abondera en faveur du paiement d'une rançon auprès des ravisseurs. Deux personnes de ma famille vont payer cette rançon : ma grand-mère et la compagne de mon père.
La fille sera déclarée libérée au bout d'un mois.
>> Pour aller plus loin : annonce du rapt et versement de rançon.
Poursuite du blocage mais gain de cause devant le Conseil d'État
L'année suivante, en 2009, soit au bout de cinq ans de séparation, nous gagnons devant le Conseil d'État [lien sur Légifrance] qui oblige le ministère des Affaires étrangères à délivrer les visas.
Vous noterez que même après le kidnapping, les ministères de l'Intérieur et celui des Affaires étrangères maintenaient leur blocage à notre encontre.
Ces deux ministères, ou le gouvernement pour « faire large », ont été obligés par la justice à aller dans notre sens.
Plus de douze ou seize ans après les faits, en 2020, ce sont encore ces mêmes différents ministères, que ce soient les Affaires étrangères, l'Intérieur, ou la Justice qui vient de se rajouter, qui continuent à faire obstacle à la vérité sur cette affaire.
Ces gens-là magouillent, font jouer les réseaux... et, comble ! poussent à la réalisation de faux papiers pour m'envoyer en hôpital psychiatrique.
Pour aller plus loin...
>> Annonce du rapt et versement de rançon
>> Blocage de l'enquête par le colonel